Création d'un réseau de lutte contre les troubles du comportement

Mise à jour le Mardi, 21 Septembre 2010 21:30

RISKASSUR, édition du 12 FEV 10
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Faits de société
Création d'un réseau de lutte contre les troubles du comportement alimentaire


Face à l'anorexie, qui touche principalement, mais pas uniquement, des jeunes filles, les parents sont désemparés et ne savent pas à qui s'adresser, pour remédier à une situation dont ils entrevoient les risques, mais dont le traitement les dépasse. En consultant leur médecin, celui-ci leur parle d'anorexie mentale et les oriente vers un psychiatre et décide, dans les cas les plus graves, l'hospitalisation de son patient. Pour répondre à l'attente des parents, un réseau sur les troubles du comportement alimentaire a été lancé fin janvier en Ile-de-France, pour coordonner les structures de soins et ce à l'initiative d'un professeur nutritionniste de l'hôpital Raymond Poincaré à Garches, qui en est le président.

 

Les services hospitaliers spécialisés en TCA (troubles du comportement alimentaire) d'Ile-de-France reçoivent plusieurs dizaines d'appels chaque jour et, selon l'Association française pour le développement des approches spécialisées des TCA, le traitement des ces pathologies est axé sur un travail pluridisciplinaire, d'où l'intérêt de la création de ce réseau. L'anorexie mentale touche un nombre stable de Français depuis plusieurs décennies, par contre la fréquence de la boulimie augmente, notamment dans les zones urbaines. C'est le cas de l'hyperphagie qui consiste à se lever la nuit pour dévaliser son réfrigérateur ou grignoter frénétiquement entre les repas. Ces troubles progressent et concerneraient de 20 à 30% des adolescents, en affectant huit à neuf fois plus de jeunes filles que de garçons. En Ile-de-France, on dénombre 180 000 cas d'anorexie mentale chez les femmes et 19 000 cas chez les hommes, tandis que les formes intermédiaires affectent 600 000 personnes, selon les chiffres rendus publics par le réseau TCA d'Ïle -de-France, à l'occasion de sa création. Ce sont les formes modérées ou transitoires qui ont fortement augmenté. Les causes de l'anorexie et des TCA en général sont multifactorielles, des prédispositions aggravées - notamment - par la culture, l'environnement, le mode de vie et le stress lié aux conditions matérielles du moment. L'offre alimentaire, le matraquage publicitaire sur l'idéal de la minceur, le temps et l'importance moindre accordés aux repas, sont autant de facteurs déclencheurs des TCA. Dans la boulimie, les patients confondent faim et envie de manger, souvent liées à des émotions qu'ils n'arrivent pas à gérer autrement, qui deviennent des sources de compulsions alimentaires, auxquelles il faut pouvoir résister, à condition d'en être conscient, ce qui n'est pas donné à tout le monde. La moitié des personnes souffrant de TCA n'accèdent jamais aux soins, à cause du refus d'admettre leur état et en se focalisant sur leur volonté, pour ce qui est des boulimiques, de perdre du poids. C'est aussi le fait des parents, effrayés dès que l'on évoque un problème psychiatrique, en se sentant responsables de ce qui arrive à leur enfant. Pourtant, pour les spécialistes, la prise en charge précoce de l'anorexie et de la boulimie favorise la guérison, même si la voie est longue et sinueuse.

La rédaction